Saturday, January 26, 2013

Appendice partie 3: suite et fin

Vous connaissez le vieil adage: quand on se regarde on se désole, quand on se compare, on se console. Mon voisin est certainement un exemple frappant de ce qu'il convient d'appeler un miracle de la médecine moderne. Pas si moderne que ca, si on considère qu'il y a déjà de ça 28 ans, un malheureux mais horrible accident de ferme lui arrachait pratiquement tout le bras droit, alors qu'une partie de vêtement avait été aspirée dans les engrenages d'un tracteur. Bien que je n'ai pas eu droit à tout les détails entourant l'incident, ce qu'il m'est permis de comprendre est qu'il a à ce moment là passé plus de 15 jours dans un coma induis, puisqu'il n'aurait pu, selon les dires des médecins de l'époque, humainement supporter la douleur générée suite à l'incident et à l'opération qui s'ensuit  afin de lui rattacher le bras, les ligaments, etc. Suffit-il de dire que suite aux 15 jours dans le coma, c'est presque 4 mois de soins intensifs à l'hôpital Civic d'Ottawa qu'il reçu durant cette période critique. Wow. J'en suis bouche bée. Non seulement la cicatrice qu'il me montre sur ledit bras droit ne peut être autre chose qu'un tel incident tragique, mais en plus, lorsqu'il m'explique les raisons de son séjour à l'hôpital, je suis autant impressionné qu'amusé: il vient tout juste de recevoir une nouvelle épaule, tout en stainless, qui vient justement compléter son kit comprenant deux genoux et une épaule en stainless. Je décide intérieurement que je vais dorévavant affectueusement l'appeler Robocob, le vrai. Pour les fins de ce blogue, et afin de préserver sa vie privée, je référerai d'ailleurs à lui sur cette base.

Sachez également que tout ressemblance avec une personne de votre entourage dont le bras aurait été arraché vers les années 1984 et lors d'un accident de tracteur ne saurait être autre chose qu'une pure coincidence.

En écoutant son histoire, je ne peux m'empêcher de penser qu'il aurait certainement pu être publié dans le Sélection du Reader's Digest: "Mon tracteur, ce pas fin", ou encore "Ca lui coûte un bras en frais médicaux!!"

Sérieusement, Robocop s'avère avoir un excellent sens de l'humour, et la différence d'âge entre nous ne s'avère d'aucune importance (il a 69 ans) Il a un bon sens de l'auto-dérision, et il disait qu'il vaudrait plus après être incinéré, puisque le tout le stainless serait récupérable. C'est clair que son passage à l'aéroport se fait jamais sans alarmes quelconques.  C'est ainsi que nous avons discuté d'à peu près tout ce qui est possible de discuter, en prenant les pauses repas, durant la journée et demi que j'ai été hospitalisé. Ceux qui me connaissent savent que j'ai la parole facile, et je peux vous dire que lui ne l'avait pas dans sa poche non plus. C'est donc avec plaisir que nous nous avons parlé de nos vies respectives, de nos expériences de toutes sortes. Vous allez rire mais je l'ai convaincu de s'installer du plancher radiant, comme mon frère et moi en avions installé chez mes parents tout juste avant que mon père ne décède.

Ca cogne à notre porte, et il est à peine 8h15 , à peine quelques 9 heures après mon opération, et c'est Judith, Antoine et Émilie qui apparaissent derrière la porte. Je suis bien content de les voir, et on peut voir sur leur visage que c'est réciproque. Antoine semble impressioné de me voir dans un lit d'hôpital, avec tout les fils et tubes qui sont attachés à moi. Ils ne restent que quelques minutes, mais promettent de revenir le soir.Le médecin qui passe me voir alors que Judith s'apprête à quitter m'autorise pratiquement à reculons le café que Judith m'a apporté en cachette. Je me dépêche de le partager avec Robocop, qui l'avale d'un trait.

Judith reviendra d'ailleurs en après-midi avec mon beau-père. Pour ma part, les choses se tassent tranquillement, je n'ai pas de grosse douleurs, et les discussions avec mon voisin de chambre vont bon train. Il possède plusieurs hectares de terrain sur le bord de l'eau, et je discute évidemment avec lui de la possiblité de se lancer en affaire et de construire notre propre camping! Lui aussi possède un campeur, et ses petits enfants aiment bien en faire également.

La journée se passe donc sans incident notable,  Les infirmières viennent à répétition, pour toute sortes de raisons. J'ai droit au traitement royal puisqu'une stagiaire s'occupe de moi, en plus de l'infirmière responsable de moi, en sus de l'enseignante de la stagiaire, et du surveillant. Je crois donc que durant mon court séjours de moins de 36 heures à l'hôpital, j'ai eu environ une douzaine d'infirmiers/infirmières différents. Bonjour la stabilité. Remarquez que ca ne me dérange pas le moins du monde.

La douleur, la vraie.

Si j'ai mentionné que je n'ai pas eu de grosses douleurs, il en est autrement de Robocop, qui commence à s'agiter en début d'après-midi. L'anesthésie locale qui était en fait une anesthésie directe dans le nerf de son épaule, était supposé le garder sans douleur pendant 48 heures. Mais voilà, l'aiguille s'étant défaite le matin même, il commence à ressentir de plus en plus de douleur, et les médicaments que les infirmières lui donnent ne semble en rien l'atténuer. Vers les 6h du soir, il n'en peut plus et son langage commence à changer. Je me sens pas très utile, mais je commence à lancer l'hypothèse que la douleur peut peut-être être contrôlée si on apprends à le faire, en s'exercant. Plus facile à dire qu'à faire, mais qu'à cela ne tienne, je saute sur mon Playbook et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, nous sommes en train de visionner un vidéo sur le sujet sur Youtube. La thérie est simple: on concentre sur la douleur, on l'amène doucement à changer de place, jusqu'à ce qu'elle soit dans le creux de sa main. À ce moment, on peut s'en départir en la lancant au loin. Robocop, beau joueur, se concentre, et décide d'essayer, n'ayant rien à perdre. Quelques minutes passent et le voilà debout marchant vers la poubelle, ou il y jette une première batch de douleur. "Ca va prendre une couple de voyage" lui dis-je alors. On ris bien et surtout il dit qu'il faut faire attention de pas garrocher la douleur a quelqu'un d'autre. Un autre moment donné, il l'a lance vers le plafond. On se bidonne en disant que le prochain gars qui va peinturer le plafond va probablement être soudainement pris d'une crampe au bras, phénomène inexplicable. Je lui dis d'ailleurs d'arrêter de se fatiguer, et de simplement garrocher la douleur par terre. "Ils ramasseront plus tard!" que je lui dis simplement. On en ris encore un coup, pis on parle de plus belle de la douleur. Je mentionne que peut-être la méditation pourrait-elle aider elle aussi. On discute donc de la théorie derrière l'idée de "purifier" sa pensée. Je lui donne donc un exercice ou il doit simplement focuser à compter à rebours, à partir de 100, chacune de ses respirations, en revenant au dernier chiffre qu'on se rappelle lorsque l'esprit vagabonde.

Ca l'occupe un bon bout, et il dit que ca aide pendant qu'il le fait, mais que la douleur revient après. Je commence à manquer de trucs. Je trouve alors une séance d'auto hypnose en ligne, et nous voilà en train d'écouter quelqu'un nous dire que nos paupières sont lourdes, et qu'on se sent de plus en plus calmes. Ca nous fait du bien, et tout de suite après le souper, je tente le tout pour le tout et lui met un genre de bruit de fond, relaxant, sur mon Playbook, qu'on utilise pour les enfants afin de couvrir les bruits de fonds lorsqu'en visite. Il confirme que ca aide, et qu'il s'imagine sur la plage, en entendant le son des vagues. J'en rajoute: "Bien oui, et avec la petite brise, on sens pas trop la chaleur, c'est vraiment super!" Quand je lui mentionne que son petit fils est là à jouer dans le sable, c'est le comble du bonheur pour lui.

Les infirmières qui viendront durant notre étrange manège seront d'abord surprises de nous trouver lumière tamisée avec trame de fond relaxante. "Zen" que je leur répond. Elles nous trouvent drôles et quelques unes nous diront d'ailleurs que ca devrait être comme cela dans chaque chambre. Mon frère passe faire un visite que nous apprécions. Mon voisin me dira d'ailleurs qu'il préfère ca comme cela, puisque ca lui change les idées.

C'est bien beau tout ca, mais éventuellement, la douleur fait son oeuvre et Robocop n'en peut plus. Je commence d'ailleurs moi même à être inquiet pour lui, ca devient insupportable selon ses dires. Je ferai quelques visites au bureau des infirmières pour en savoir plus long sur ce qu'ils comptent faire, et confirmer qu'il est à bout. Elles sont débordées, et confirment que c'est toujours comme ca.

 Éventuellement, les anti-douleurs font un peu effet, mais mon voisin me dira le lendemain matin qu'il n'a pas fermé l'oeil de la nuit. Pauvre lui!


Judith et les enfants reviennent me visiter vers les 17h, et je recois un beau dessin d'Antoine, et une belle carte d'Émilie.  Antoine m'a dessiné dans mon lit d'hôpital, alors qu'Émilie a dessiné toute la famille. Je suis très touché. Ils ne restent pas longtemps, d'autant plus que le cardiologue se présente durant le temps qu'ils sont là. Il n'est d'ailleurs pas trop inquiet de la séquence d'arythmie que j'ai eu, mais me fera faire quelques tests quand même.

Dans mon cas, je dors relativement bien, n'étant réveillé que par les vérifications d'usage aux quatres heures. Mon voisin est quand même de bonne humeur, malgré tout, et quand il essaie d'ouvrir les rideaux mais n'y parvient pas, il s'écrit: " Ah pis qu'ils mangent de la marde!" Je ris et lui dis que je me suis vu à son age. C'est mon genre de dire c'te genre de chose là!

Je suis recois mon déjeuner: jello et jus d'orange. Drôle, justement que je viens juste de changer mon statut sur facebook pour dire que le jello d'hôpital était déliceux. Je pensais cependant pas en avoir au déjeuner.

C'est passé les 11 heures que le médecin passe de nouveau, pour me signer mon congé cette fois-ci. Je suis bien content, et j'ai hâte de retourner à la maison pour voir Judith et les enfants. Lorsque les infirmières me donnent les derniers papiers, je serre la main à Robocop, et lui souhaite bonne chance. On se dit bien évidemment un aurevoir puisque nous avons prévu de demeurer en contact. C'est drôle comment une journée et demi avec un parfait inconnu peut quand même laisser une base d'amitié solide... Vraiment curieux... surtout que j'avais demandé une chambre seule.

C'est mon beau-père qui se charge de venir me chercher à l'hôpital, et j'esquisse un sourire lorsqu'il me soulage de mon sac de voyage, lui qui a été malade par dessus tout, triple miraculé de la médecine moderne!


De retour à la maison, les enfants et Judith arrivent quelques heures plus tard, et ils sont excités de me voir. Moi aussi. Ils ont d'ailleurs préparé une chasse au trésor, que nous nous empressons de faire, tranquillement, bien sûr. Le trésor? Deux beaux dessins que voici, des mots gentils, d'amour, et deux cinq dollars, pour que je puisse, me disent-ils, acheter les médicaments qui me seront nécessaires pour guérir. J'ai la larme à l'oeil et je les serre dans mes bras.

En rétrospective, toute l'expérience est tellement soudaine que ca demeure surréel, même si je suis bien content d'être encore en vie, je me demande si j'avais pas pu la sauver, cet appendice, en mangeant plus de gingembre, comme disait l'infirmier.

J'ai partagé cette histoire, parce qu'elle est intense et rapide, mais surtout pour que moi-même, je n'en oublie rien. Aussi pour remercier ceux qui nous ont aidé, supporté, et envoyé des ondes positives. Merci encore.

Même les étudiants des classe de Judith et notre voisine Marie-Claude m'avaient signé une belle carte. J'irais pas jusqu'à dire que ca donne le goût d'être malade, mais presque!!


Jusqu'à ma prochaine aventure, demeurez, chers lecteurs, chers  amis, concentrés sur les choses importantes de la vie, ca passe trop vite, et on ne sait jamais ce que demain nous réserve.


Friday, January 25, 2013

Appendice, partie II

J'entre donc dans la salle d'attente du bloc opératoire, et c'est infirmière fort gentille qui m'accueille et commence à discuter avec moi. Il manque certains papiers avec ma signature et il semble que certains papiers appartiennent à un autre patient. Je me dis en moi-même que c'est à peu près la pire chose  qu'on veut voir arriver, qu'ils nous opèrent avec les informations d'un autre patient: " oui, oui, c'est l'amputation des quatres membres pour ce patient..." L'anesthésiste d'office arrive à son tour et en parlant des risques inhérents à l'anesthésie générale, qui sera ma première, il me dit que compte tenu de mon âge, que c'est plutôt minime. Je lui demande à la blague de me réveiller pour m'aviser si jamais quelque chose se passait mal. Lui et l'infirmière rient. Alors qu'ils m'approchent de la salle d'opération, l'infirmière, qui pousse ma civière lance: est-ce qu'on a le bon patient?, ce à quoi je réponds du tact au tact, "eille, arrêtez de naiser, enlever moi rien de plus que l'appendice!!" Je les taquine en m'excusant de les avoir sortis de leurs salons, sachant que plusieurs d'entres eux étaient sur appel. Ils en rajoutent en me disant qu'effectivement, ils étaient en train de siroter un bon chocolat chaud sur le bord du feu, en finissant d'écouter Trauma et Dr House.

Les lumières de la salles d'opérations sont excessivement brillantes, ce qui m'apparaît comme une bonne chose à ce moment précis. Au moins six ou sept personnes s'affairent à différentes choses autour de moi, alors que le médecin n'est toujours pas entré. Je ne le verrai d'ailleurs que le lendemain matin. Il est probablement légèrement dépassé dix heures pm, et on m'informe que je serai placé sur un respirateur mécanique durant l'intervention puisqu'une certain pression sur mes poumons risque de rendre la respiration naturelle, moins, disons, eh bien disons, moins naturelle, voilà. Je pense de leur lancer une blague en leur demandant d'updater mon status sur Facebook si jamais il arrivait quelque chose, mais je me ravise.

Une infirmière m'avise que je commence probablement à me sentir de plus en plus relax, ce qui est vrai. Je sens une légère inquiétude, mais sans plus. Au moment où le masque est déposé sur mon visage, j'ai, l'instant de quelques secondes, l'impression d'avoir de la difficulté à respirer, ce dont j'avise l'infirmière. Elle s'approche rapidement du masque pour mieux comprendre, mais elle n'entendra jamais le reste puisque je sombre dans une sommeil profond. Le dernier sentiment qui m'envahi est une légère hésitation à me laisser aller, probablement dû à une crainte profonde de ne pas me réveiller...

Le reste m'est absolument inconnu, puisque je me réveille dans la salle de réveil vers les onze heures pm, l'opération apparemment déjà complétée. Je me félicite d'être encore en vie, et suis fort content de me réveiller. Je leur demande si tout s'est bien passé, et on m'avise que oui. Je leur demande s'il peuvent en informer Judith tout de suite, et on m'avise qu'elle sera informée dès ma sortie de la salle de réveil, ce qui ne sera finalement que quelques 90 minutes plus tard. Elle semble très soulagée de me voir, et je peux dire que c'est réciproque. Elle aura passé plus de trois heures à m'attendre dans une petite pièce, ce qu'elle avouera être par la suite un très long trois heures.

Ma chambre

J'avais demandé une chambre privée, mais c'est évidemment toujours sous réserve qu'il y en ait une de disponible, et c'est dans une chambre déjà occupée qu'on m'installe vers une heure du matin. Judith peut finalement aller se reposer, puisqu'elle est restée à mes côtés durant toute la journée, ce que j'ai d'ailleurs très apprécié. Je porte déjà des appareils qui stimulent la circulation sanguine dans les jambes, depuis ma sortie de la salle d'opération, et c'est donc avec un gonflement régulier alternant entre les deux que je tente tant bien que mal de m'endormir. Je suis de plus connecté sous intraveineuse à un sérum et un anti-biotique, en plus d'avoir l'attache servant à mesurer la pression attachée au bras droit, mesure qui sera faite à intervalle régulier durant la nuit. Pas facile de dormir avec un tel bataclan, mais je pense y parvenir quelques peu.

Le même infirmier avec qui j'avais causé de gingembre s'avère être mon infirmier pour une partie de la nuit, et c'est d'ailleurs lui qui me réveille vers les 4 heures du matin pour vérifier mes signes vitaux. Il m'avise qu'il doit vérifier ma température... rectale... Quoi?? Comment ca rectale? Té pas sérieux?!! Il me répond par l'affirmative, mais il rajoute qu'il semble manque de bout de plastique, ce à quoi je répond "Quel dommage". Il revient quelques minutes plus tard en disant en avoir trouvé. "J'aurais du les cacher plus loin" lui dis-je alors, ce à quoi il rit. Il me demande mon niveau de douleur, sur une échelle de 0 à dix, et c'est un trois que je crois ressentir à ce moment. Alors que je me résigne, et suis positionné pour procéder, il insère, et me dit qu'il vient de perdre le bout de plastique... Quoi? "Une blague" qu'il me réponds. Mon niveau de douleur vient de soudainement passer à 5 que je lui réponds en riant. Sacré blagueur que je me dis en moi-même.

Je somnole encore un peu, pour m'apercevoir que mon coeur semble être quelque peu irrégulier. Vérification faite, il me semble que mon coeur bat pendant 5 ou 6 battement à environ un rythme de 70 battements par minutes, pour passer ensuite à 120 battements/minutes pendant 12 battements, et ainsi de suite. J'en avise une infirmier qui me dit que l'infirmière passera voir, ce qu'elle fait une heure plus tard, en disant que tout est beau. C'était une bonne chose que c'était pas grave, j'aurais eu le temps de mourir dix fois!

Même si je n'ai maintenant pas mangé depuis près de 30 heures à ce moment, les liquides que j'ai du boire avant le scan ont fait effet et je commence à avoir envie d'uriner. Je demande à l'infirmier qui passe si je peux me lever ( il est toujours environ 4h du matin) et il me réponds que non, qu'ils ne veulent pas à cause de tout ce qui est connecté, et que je dois faire dans le petit récipient prévu à cette effet. Bon, c'est pas très le fun, mais je me résous à essayer: rien à faire, ca sort pas. Je me rappelle alors soudainement que sorti de l'opération, on m'a mentionné qu'on m'avait, je crois, pincé le tube menant à la vessie afin d'éviter une infection quelconque, et je me prends soudainement à avoir peur qu'ils aient oublié la pince. Je réessaie encore, rien n'y fait. Je décide d'attendre encore un peu avant d'essayer à nouveau, sans succès. Je capote pas mal, j'ai peur de forcer, je commence à me demande si suite à l'opération, je devrai réapprendre à faire pipi, comme certaines gens doivent réapprendre plein de gestes simples. Une demi-heure plus tard, c'est les yeux jaunes que je me décide à réessayer en m'asseoyant sur le bord du lit: rien. Finalement je me lève debout et voilà: le barrage se brise et les flots s'amènent: 700 millilitres plus tard (les récipients sont de grosses tasses à mesurer) je suis soulagé. Je ne crois pas jamais avoir fais pipi aussi longtemps de toute ma vie. Ca a duré un gros cinq minutes. Bon j'exagère, mais quand même. Je peux donc me recoucher et essayer de me reposer, mais mon voisin de chambre, que je n'ai pas rencontrer encore, se met à s'éclaircir la gorge, ce qui me rappelle les crachats que mon père faisait à l'époque où il fumait toujours, quand il se levait le matin. Je me dis alors que le monsieur sonne mal amanché. L'envie me prend d'enregistrer le son pour pouvoir le partager par la suite, mais je me ravise: je ne peux pas bouger.

Le soleil se lève finalement, et le déjeuner est servi. Pour tout le monde sauf moi: on ne m'autorise rien à manger, moi qui a une faim de loup. Je demande à mon voisin si son déjeuner est bon, et c'est comme cela que notre première conversation débute. Un bon 30 minutes plus tard, on se décide à retirer le rideau qui est toujours tiré entre nos lits respectifs, et c'est un monsieur à l'apparence beaucoup plus jeunes que les 69 ans qu'il m'indique avoir que je vois derrière le rideau.



Un enregistrement dudit téléphone qui sonnait sans fin à l'urgence!!

Le triste destin d'un appendice au bout du rouleau

C'est lundi soir en regardant la partie des Sénateurs contre Panthers que je ressentis les premiers symptômes, anodins. Une légère douleur diffuse, dans le bas du ventre. Peut-être que je m'étais mal assis et qu'un coincage quelconque des bijoux de familles me causait cet inconfort, me suis-je alors dis.

C'est avec cette légère douleur ainsi que dans l'euphorie de la victoire des sénateurs que j'allai me couchai, serain, et certain que la nuit m'apporterais soulagement. Au réveil, surprise, la douleur est toujours là, toujours en veilleuse. Je n'en fais pas de cas, et me décide quand même à aller travailler, en espérant que la douleur s'estompe durant la journée. Je commence à trouver ça un peu plus dur quand vient le temps d'habiller Jacob pour la garderie, et alors que je sors le recyclage juste avant d'embarquer dans l'auto, la douleur s'intensifie légèrement. Je sacre de l'intérieur mais souris de l'extérieur.

Arrivé au bureau, après avoir déposé Jacob à la garderie, ca ne prends que quelques minutes avant que je ne réalise que ca s'empire et que je dois retourner à la maison. J'ai alors l'impression que je commence à avoir des nausées, et je crois alors que je vais être foudroyé par la fameuse gastro, celle qu'on aime et qu'on apprécie avoir de temps à autre. Je quitte précipitamment, et c'est avant même d'arriver à la maison que je dois m'arrêter sur le bord de l'autoroute, afin de vomir dans la neige fraîche. Curieusement, à ce moment, je ne ressens pas l'habituel soulagement qui vient après chaque vomissement, lorsqu'on souffre de gastro, mais je n'en fais pas de cas.

J'arrive à la maison pour littérallement m'étaler sur le divan, et la douleur, non seulement diffuse, prend une dimension particulière dans mon côté droit, à la hauteur du nombril. Je me pose sérieusement des questions sur la nature véritable de mon mal, mais je n'ose pas m'auto-suggérer quelque chose de pire qu'une gastro. Une heure plus tard, vers 10h30, le mal est suffisament fort pour qu'aucune position ne soit confortable sur mon divan pourtant très douillet. Je suis alors assez importuné pour envoyer un texto à Judith et l'aviser que je ne vais pas très bien, et que j'aimerais qu'elle revienne à la maison me donner un coup de main. N'ayant pas de réponse, je songe à faire le 911, mais je dédramatise et m'avise à appeler mon beau-père à la rescousse, ce qu'il fait séance tenante. Alors qu'on s'apprête à s'habiller pour qu'il m'emmène à l'hopital, je trouve une position qui semble diminuer le mal, et cette dans cette position que Judith me trouve lorsqu'elle arrive enfin vers les midi quinze. Elle me diagnose, en confirmant avec Google, et déjà on soupconne que mon appendice fait des siennes (mais je préfère ne rien en croire, secrètement).

La route vers l'hôpital est remplie de nids-de poules, ce qui me fait très mal. J'ai l'air d'être à l'agonie, et j'avoue que je me sens pas en super forme. Le triage à l'urgence semble être d'accord avec la théorie de l'appendice, et le docteur que nous voyons une heure trente plus tard confirme rapidement le diagnostic: cas typique d'appendicite: des tests supplémentaires devront d'abord confirmer, et si tel est le cas, je serai opérer d'urgence qu'on me dit alors.

Dès lors, je recois une dose anti-douleur, qui fait en sorte que le reste qui mènera jusqu'à l'opération est un peu flou. On me fait subir une échographie, mais on ne peut y voir l'appendice. De retour à la salle d'urgence, bondée, en attendant de subir un scan qui devrait permettre de de mieux voir l'appendice, nous apprenons qu'un patient est surveillé de près par deux gardes de sécurité. En entendant que le nom dudit patient était Lortie, je ne peux que m'empêcher de penser à ce que j'ai lu récemment: Denis Lortie, qui avait fait irruption à l'Assemblée nationale en 1984, vivrait maintenant tranquillement en Outaouais (Wikipedia) Je me mets alors à souhaiter qu'il ne pète pas les plombs encore une fois.

C'est le branle-bas de combat à l'urgence, et un téléphone qui sonne à répétition m'irrite particulièrement. Répondez tabarnouche! Nous ne comprenons pas comment les infirmières peuvent ignorer l'appareil qui sonne, tout près, mais nous avons éventuellement une réponse. Ce téléphone sonne quand un des patients de l'urgence actionne le bouton pour demander de l'aide. Une dame qui est apparemment confuse l'actionne à répétition... pas mal fatiguant.

Finalement, je somnole de temps à autre, jusqu'à temps qu'on m'emmène faire le scan en question, pour lequel je dois d'abord boire un liquide au gout métallique. Sur place, on m'injecte de l'iode liquide chaude, afin de mieux voir l'appendice, et on m'avertit que je sentirai une sensation de chaleur de l'intérieur. Effectivement, c'est assez cool comme effet, c'est comme si on prenait une gorgée d'alcool, et que le sentiment de réchauffement se faisait sentir partout à travers le corps et non juste à la gorge. Ils peuvent voir l'appendice sur le scan et l'opération est confirmée.

On me confirme que le chirurgien sur appel a été rappelé et qu'on m'opèrera vers les 10h15. Il apparaît une trentaine de minutes plus tard et vient me voir pour discuter de l'opération. Il semble confiant, ce qui me rassure. On me demande de me dévêtir complètement sous le drap d'hôpital, et malgré mon insistance à garder mes bas, question de préserver ma dignité, je fini par tout enlever.

Ca y est, un infirmier prend contrôle de la civière sur laquelle je repose, et je me dirige vers la salle d'opération, Judith, heureusement, m'accompagne toujours, ce qui me rassure. L'infimier mentionne qu'apparemment le gingembre est bon pour l'appendice, et je lui dis que j'en avais justement à la maison. Il m'avise alors qu'il est trop tard pour y retourner. On rit bien et on arrive à la porte où Judith doit me laisser...Je commence à être légèrement nerveux, malgré le calmant...